PICASSO, Les demoiselles d'Avignon



Premier constat (ce que je vois)
Pablo PICASSO, Les Demoiselles d'Avignon, 1907, huile sur toile, (243,9 x 233,7 cm), Museum of Modern Art (MOMA), New-York.

Inventaire raisonné (ce que je perçois)
Sur une scène, devant un rideau de théâtre, cinq femmes, partiellement nues, occupent la totalité du tableau. Au premier plan et au milieu, il y a une coupe de fruits.
Les FORMES des personnages N'IMITENT PAS LA RÉALITÉ.
Les figures sont FRAGMENTÉES EN SURFACES GÉOMÉTRIQUES, sans respect des proportions du corps ni symétrie.
Certaines parties sont agrandies, comme les yeux, trop grands, non alignés.
La composition, qui suit une oblique transversale, semble faire écho aux formes découpées, presque tranchantes, des personnages et du décor.
Les couleurs sont aussi ANTI NATURALISTES, elles sont traitées en aplats ou en modulations qui laissent apparaître la trace de la brosse.
Tout est fait pour nous tenir à distance. La peinture n’est plus une illusion.

Mise en perspective (ce que je sais)
L’éclatement géométrique des figures apparaît au spectateur comme une violence infligée au corps humain. C’est l’explication principale du scandale provoqué par ce tableau.
Picasso instaure une rupture avec la tradition de l’imitation de la nature, héritée de l’Antiquité grecque.
Le philosophe Aristote, au Vème siècle avant Jésus-Christ, avait énoncé l’idée que « l’Art doit imiter la nature », et ce modèle a perduré plus de 2000 ans en Occident.
Picasso abandonne ce modèle pour s’inspirer d’une autre tradition, celle de l’ART AFICAIN et des Arts premiers.
Suite à une visite au Musée de l’Homme, où il découvre des masques africains, Inuits ou océaniens, le jeune Picasso décide de créer de nouvelles formes, dérivées des masques produits par des peuples dits « primitifs ».
Par exemple, lorsque les masques africains montrent des yeux disproportionnés, ils cherchent à traduire un pouvoir magique.
Picasso retient l’idée d’un ART QUI EST HABITÉ PAR DES FORCES, DES ÉNERGIES.
Il ne cherche pas à imiter les yeux de quelqu’un, comme le reflet d’un miroir, il veut montrer la force du regard.
Cette œuvre a donné naissance à un mouvement artistique : le CUBISME, et elle symbolise, encore aujourd’hui, l’élan de liberté véhiculé par l’Art moderne, et notamment par les avant-gardes artistiques du début du XXème siècle.