Eisenstein, le cuirassé Potemkine (1925)

Réalisé en 1925, par le réalisateur russe Sergeï EISENSTEIN, Le cuirassé Potemkine reste un monument du cinéma, notamment la séquence des escaliers d'Odessa.
La séquence commence par une scène de joie, plusieurs personnes-que nous suivrons tout au long de la séquence- sont réunies pour acceuillir les marins du cuirassé Potemkine.Il y a une vieille femme, une mère et son enfant, une femme avec une robe et une ombrelle blanche. Le blanc symbolise ici l'innocence (de l'enfant) et la pureté.

un intertitre apparaît: "SOUDAIN" et on entend un roulement de tambour- qui évoque le stacatto d'une mitrailleuse. Une femme est secouée de spasmes, ses cheveux sont décoiffés, ce qui symbolise l'éclatement de la violence.

Les gens affolés se dispersent et descendent les escaliers, l'ombrelle de la femme en blanc s'avance vers la caméra. Cette ombrelle au bout pointu semble "crever l'écran", comme une épée menaçante qui se dirige vers le spectateur, et annonce les baïonnettes des fusils des soldats du tsar (les cosaques), venus tirer sur le peuple.
Lorsque l'ombrelle envahit l'écran, elle sert aussi de POINT DE MONTAGE. C'est-à-dire qu'elle permet de passer en douceur, et logiquement,d'un plan à un autre. Ici l'ombrelle sert de VOLET naturel: l'obstruction de lécran permet le raccord avec le plan suivant.

Les soldats s'avancent sur une seule ligne, sous le bras protecteur d'une statue monumentale (le Tsar?)en amorce, au premier plan.

Des genoux fléchissent, un homme tombe et la caméra bascule vers le sol dans un PANORAMIQUE DESCENDANT: la caméra reprend le mouvement du corps de l'homme qui tombe à terre: nous sommes dans la peau de la victime, c'est un POINT DE VUE SUBJECTF.


La foule paniquée descend les escaliers dans un mouvement cahotique, par opposition à la descente rectiligne des soldats.

La caméra suit la course de la foule vers le bas dans un TRAVELLING ACCOMPAGNÉ: nous courons avec eux.

Les soldats sont alignés, nous ne voyons pas leur visage, ils sont déshumanisés.

L'enfant est blessé, sa mère crie, une botte de soldat écrase la main de l'enfant tombé à terre.C'est un montage qui symbolise la brutalité aveugle d'une armée qui piétinne l'innocence du peuple (symbolisé par l'enfant).



La mère prend son enfant dans ses bras et s'avance vers les soldats en criant "ne tirez pas". Sa posture rappelle la Pieta de Michel Ange.

Elle remonte les escaliers et la caméra recule - nouveau TRAVELLING ACCOMPAGNÉ - pour laisser apparaître l'ombre menaçante des soldats et leurs fusils. L'ombre symbolise la mort.


La mère et son enfant sont tués, les soldats continuent d'avancer sur une ligne, d'un pas mécanique, qui évoque des robots sans âmes, des "machines à tuer".

Ils continuent à tirer. Une mère s'écroule, faisant rouler son berceau qui dévale les escaliers, et que nous accompagnons dans un nouveau travelling.
le berceau reste en équilibre un long moment avant de dévaler les escaliers.
cela produit un effet d'attente, de SUSPENSE, car le plan du berceau est entrecoupé de plans des soldats et de la foule.
Le MONTAGE produit ainsi un ÉTIREMENT DU TEMPS.
Le bébé qui symbolise la pureté, l'innocence et la fragilité, offre un CONTRASTE saisissant avec les soldats inhumains qui continuent à tirer. Eisenstein crée ainsi un MONTAGE SYMBOLIQUE(avec des éléments opposés qui, une fois assemblés, se renforcent mutuellement).

La femme aux binocles crie, elle a un oeil crevé et la séquence s'achève sur un FONDU AU NOIR, comme pour évoquer la noirceur d'une violence aveugle.


"> Une petite carte heuristique sous Prezi pour clarifier les idées (cliquer dans le lien sous l'image pour la voir en grand écran):